lectures

Notre pain est politique

J’inaugure les articles consacrés aux lectures par ce très chouette titre —Notre pain est politique— sous-titré les blés paysans face à l’industrie boulangère, aux éditions de la dernière lettre, que je connaissais déjà avec sa revue Z.

Sur le site de l’éditeur, le sommaire de l’ouvrage est bien attirant. Le contenu l’est tout autant, et je l’ai dévoré en quelques jours. On y retrouve le format de la revue Z, avec une maquette à la mise en page élégante, des articles de une à quelques pages, un chapitrage bien construit, des photographies (en noir et blanc), et de belles illustrations en ligne claire.

une double page à la maquette aérée, avec texte et illustration très pédagogique

Au delà de la forme, c’est le fond qui est captivant. L’ouvrage est collectif, issu du travail de membres du Groupe blé de l’ARDEAR Auvergne-Rhône-Alpes, accompagnés par Mathieu Brier de Z. On trouve dans les quelques deux cent pages de ce livre une porte d’entrée dans le monde des paysan·nes, meuniers·ères, boulangers·ères qui travaillent les céréales en général, et le blé en particulier, sous forme de semences paysannes, ou population.

La lecture de ce livre m’a permis de mieux comprendre ce qu’étaient ces blés que j’appelais naïvement blés anciens. L’idée des blés population est de cultiver une ou plusieurs variétés en même temps, choisies en fonction des besoins et envies du paysan ou de la paysanne et de ses terres, et de garder à chaque récolte les graines semées à la génération suivante.

Diagramme séparé en deux côtés. À gauche, sous le titre "blés populations", plusieurs noms: "rouge du roc", mélange antiverse de Raphaël", "rouge du jura", "hérisson barbu", "mottin". À droite, sous le titre "variétés pures": "hendrix (bio)", "rubisko", "vilmorin 23", "Japhet".

Un ovale pointillé titré "blé anciens ?" entoure certains des noms des deux colonnes
quelques noms de blés populations et de variétés pures, et l’intersection non nulle avec les blés anciens.

J’ai beaucoup apprécié les portraits de paysans et paysannes du réseau, mais aussi les présentations de blés populations, évocatrices d’odeurs, de couleurs, de formes… Les différentes étapes du grain au pain sont décrites au fil des pages, permettant de comprendre les différences de pratiques élaborées par les membres du groupe blé, en réelle opposition avec les pratiques de la filière industrielle ou même traditionnelle.

On apprécie comprendre pourquoi les farines issues de blés population et le levain sont des éléments qui rendent plus digeste et plus nourrissant le pain, on découvre des anecdotes historiques, on comprend les enjeux et les pressions industrielles qui ont entraîné l’émergence des bannettes et autres pains tradition. On comprend aussi pourquoi suivant les farines, les contraintes de fabrication du pain ne seront pas les mêmes, et entraîneront des choix différents. On comprend aussi pourquoi et comment les variétés industrielles ont été choisies, et pourquoi ça semble être une impasse nutritionnelle, écologique et sociétale.

Voici quelques extraits glanés au hasard des pages, en guise de mise en bouche.

En résumé, c’est un livre que je vous invite à lire, comme la trace d’une pratique actuelle, qui semble riche sous de nombreuses facettes.

1 commentaire

  1. […] Notre pain est poli­tique, issu d’un col­lec­tif explo­rant des pra­tiques pay­sannes dans la culture du blé, sa trans­for­ma­tion en farine puis en pain, et accom­pa­gné par la revue Z. Il per­met de bien com­prendre la dif­fé­rence entre le concept flou de blés anciens, et celui des blés popu­la­tion. Il raconte une pra­tique plein d’ex­plo­ra­tions, de recherches col­lec­tives et indi­vi­duelles, qui construit un che­min alter­na­tif à l’in­dus­trie agroa­li­men­taire. Le groupe à l’o­ri­gine de ce livre se répar­ti sur le ter­ri­toire Auvergne Rhône-Alpes, et ça donne l’en­vie d’al­ler les rencontrer… […]

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *